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Le 20 mars 2022 le collectif Oasis Réunion a questionné les 12 candidates et candidats à l’élection présidentielle des 10 et 24 avril 2022 sur le sujet primordial car vital de l’« Autosuffisance Alimentaire Durable à La Réunion ».
Voici la question posée (lire la lettre intégrale qui leur a été adressée ici) :
« Vous élu•e, vous engagez-vous solennellement à mettre en œuvre tous les moyens de l'État pour permettre à LA RÉUNION d'atteindre au mieux et au plus vite, d'ici à 2030, une autosuffisance alimentaire durable ? »

O OUI                        O NON
 

Après les multiples, fastidieuses, et parfois infructueuses recherches de contacts tant aux sièges des candidats en métropole qu’auprès de leurs représentants sur l’île, puis les très nombreuses relances par courriers électroniques et téléphone (jusqu’à une dizaine pour certain.e.s), voici leurs réponses et non réponses, et leurs éventuels textes complémentaires :

 

ARTHAUD Nathalie :

« Le mode de production capitaliste est une aberration dans tous les domaines. Son objectif n'est pas de respecter les êtres humains et la planète mais de les exploiter pour faire un maximum de profit. 
« La recherche effrénée du profit pour vendre à tout prix produit de la camelote et de la pollution. Qu'importent les moyens utilisés pour produire ces marchandises ou leur utilité réelle. Une infime partie du gâchis produit par l’anarchie de cette production aveugle aux besoins réels est symboliquement étalée à la vue de tous sur les trottoirs régulièrement envahis de meubles cassés, d'appareils électroménagers, d’objets de toute sorte qui ont rendu l’âme en quelques mois. 
« En agriculture, c'est la même chose. 
« Le mode de production capitaliste est générateur de crise car il est fondé sur la recherche du profit et non sur la satisfaction des besoins de la population.
« C’est ainsi que des produits chimiques ont été déversés sans précaution au mépris le plus total des travailleurs et des consommateurs. Cet empoisonnement a fait rentrer des milliards dans les comptes des industriels et des banquiers.
« En les expropriant les producteurs, travailleurs des villes et des champs, feront œuvre de salut public en investissant dans les moyens utiles et nécessaires à la satisfaction rationnelle des besoins. Et alors ce pourra être bio pour tous et pas seulement pour ceux qui ont un fort pouvoir d’achat.
« L'économie est mondialisée c’est donc à l’échelle de la planète que se pose devant l’Humanité la question de la « souveraineté alimentaire ». La concurrence entre capitalistes et impérialismes, le nationalisme rend imbéciles et aveugles les soi-disant élites pensantes, économistes, politiques, aspirants à gérer un système étriqué et à bout de souffle. 
« La « souveraineté alimentaire » pourrait tout autant devenir la bannière d’une nouvelle croisade nationaliste. Le temps des guerres pour défendre « l’espace vital », le temps des colonies, le temps des guerres de pillage et de conquêtes n’est pas si lointain pour qu’on l’ait oublié.
« Ceux qui ont pris conscience qu’il faut arrêter cette marche vers l’abîme doivent contribuer à renforcer le camp de ceux qui ont la capacité de la stopper : les travailleurs qui font tout fonctionner. Seule la révolution économique et sociale, communiste et internationale donnera un avenir juste et digne à la société humaine. »

JADOT Yannick :

« Oui, évidemment. 
« La situation de La Réunion n'est pas acceptable : on ne peut pas, on ne doit plus, décider exclusivement depuis Paris des politiques agricoles à conduire dans les territoires d'outre-mer. Le choix de conforter les filières d'exportation - la canne, la banane - empêche de consacrer les surfaces nécessaires à l'autosuffisance alimentaire. Si l'on ne revient pas sur les choix passés, dans une situation où les prix de l'énergie et des matières premières vont durablement augmenter, on va fragiliser encore la situation des Réunionnaises et des Réunionnais. Donc, oui, j'entends mettre en œuvre tous les moyens nécessaires pour atteindre l'autonomie alimentaire. 
« J'ajoute deux points pour compléter cet engagement. 
« D'abord, sur l'autonomie alimentaire elle-même. Elle n'est pas un objectif vertueux seulement pour La Réunion, mais de façon générale pour chaque territoire : il est temps de rompre avec cette conception qui a prévalu depuis 40 ou 50 ans selon laquelle des régions du monde avaient vocation à en nourrir entièrement d'autres, selon laquelle il était souhaitable de spécialiser certaines régions dans le textile ou la production manufacturée, d'autres dans l'élevage ou les céréales. Le résultat de cette politique est un désastre, partout dans le monde, et c'est un désastre qui frappe d'abord les plus pauvres et les plus fragiles - je pense aux menaces de pénuries alimentaires des prochains mois, dans les pays où n'existe plus d'agriculture vivrière. 
« Ensuite, sur les outre-mers et sur la dette de l'Etat à leur égard. On ne peut pas sérieusement parler de l'avenir de territoires ultramarins, de leur agriculture ou de leur économie, si l'on n'évoque pas les rapports de domination coloniale et l'héritage qu'ils font peser sur le présent. Je pense par exemple au scandale du chlordécone en Martinique. Jamais, il faut le dire, une telle situation n'aurait été tolérée en métropole. Cette inégalité là est insupportable. Président de la République, je mettrai tout en œuvre pour la réduire. »

LE PEN Marine :

« Madame LE PEN s'engage à mettre les moyens d'arriver à l'autonomie alimentaire pour notre département de la Réunion. 
« Il y va de notre souveraineté alimentaire. 
« C'est une nécessité économique, écologique. 
« Par ailleurs elle prône le localisme depuis bien longtemps. 
« Manger ce que l'on produit et produire ce dont on a besoin. 
« Dans son programme 80 % des produits des cantines scolaires collèges et lycées devront être issus de la production locale. 
« Merci pour l intérêt démocratique que vous avez en interrogeant les candidats. »
 
MACRON Emmanuel :

« Oui, Emmanuel Macron est le candidat à l’autosuffisance alimentaire.
« Le candidat Emmanuel Macron a formulé clairement son engagement à ce sujet : « le défi de la transition agricole reste à relever, pour aller vers un modèle de souveraineté alimentaire pour La Réunion. Aujourd’hui, les productions agricoles locales couvrent 70% de la demande en légumes, 60% en fruits et 50% en viandes. D’ici 2027, nous allons accélérer le développement de filières courtes, de production locale pour apporter une réponse durable qui crée de l’emploi et une véritable baisse des prix. »

MÉLENCHON Jean-Luc :

« Jean-Luc Mélenchon s'engage solennellement à mettre en œuvre tous les moyens de l'État pour permettre à LA RÉUNION d'atteindre au mieux et au plus vite, d'ici à 203O, une autonomie alimentaire durable, puisque cela est inscrit dans son programme et est précisé dans le livret outremer pages 12 et 13 : 
Outre-mer - Livret thématique - Mélenchon 2022 (melenchon2022.fr) »

PÉCRESSE Valérie :

« Valérie Pécresse veut la souveraineté alimentaire pour la France hexagonale et l’autonomie alimentaire pour la Réunion et mettra en œuvre une politique volontariste pour encourager l’installation de nos jeunes agriculteurs et la consommation de la production locale . 

1. Augmenter le revenu de nos agriculteurs pour valoriser leur travail et restaurer la compétitivité des exploitations.
- Baisser le niveau de la taxe foncière sur le non bâti en augmentant l’abattement forfaitaire sur les terres agricoles de 20% à 50% pour améliorer la compétitivité des exploitations.
- Baisser d’un tiers, dès 2022, les cotisations vieillesse pour augmenter le revenu des agriculteurs.
- Poursuivre et pérenniser l’allègement des charges patronales « Tode » pour les employeurs de travailleurs saisonniers afin de soutenir l’emploi agricole et l’activité de nombreux agriculteurs qui repose majoritairement sur les travailleurs saisonniers.
- Soutenir l’apprentissage en exonérant totalement de charges patronales les exploitations de moins de 10 salariés qui prennent un jeune en apprentissage.
- Garantir la solidarité de l’Etat qui se tiendra aux côtés des filières pour couvrir le reste à charge insupportable qu’elles subissent lors des crises climatiques, sanitaires ou économiques.

2. Relever le plus grand défi de notre agriculture : le renouvellement des générations car 50% des agriculteurs partiront à la retraite d’ici 10 ans.
- Encourager les transmissions des exploitations vers les jeunes agriculteurs en allégeant la fiscalité des transmissions pour un héritier en ligne directe : malgré les exonérations actuelles, le foncier agricole reste très cher, ce qui renforce la disparition des petites exploitations lors de la transmission.
- Protéger nos aînés qui accompagnent l’installation d’un jeune en :
  • créant un complément de retraite pour ceux qui transmettent à un jeune;
  • imposant qu’aucune retraite ne soit inférieure au SMIC net mensuel ;
  • en revalorisant les pensions de réversion qui passeront de 54 à 75% ;
- Encourager nos aînés à transmettre en supprimant les plus-values lors des cessions des exploitations agricoles à un jeune agriculteur.
- Faciliter l’accès à la profession des plus jeunes en soutenant les dispositifs de portage foncier: un organisme achète le foncier, souvent trop cher, et le cède au bout de quelques années pour étaler l’investissement initial.
- Féminiser le métier pour que les femmes puissent aussi accéder aux responsabilités en élargissant les dispositifs d’aide au remplacement pour les futures mamans qui ne sont pour l’instant remboursées qu’au moment de leur arrêt de travail et en développant l’accès aux services de garde du jeune enfant en milieu rural.

3. L’alpha de Valérie Pécresse : simplifier pour libérer les énergies de nos agriculteurs et de nos industries qui étouffent sous les normes
- Arrêter immédiatement de surtransposer systématiquement les directives.
- Réviser, dès les 6 premiers mois du mandat, tout le stock de la réglementation française existante issue du cadre agricole européen.
- Mettre en place un comité de la hache pour raccourcir et simplifier nos codes, trop longs, trop tatillons, dans lesquels nos agriculteurs se perdent.

4. Son omega : investir en engageant un « grand choc d’investissement » pour rendre notre agriculture performante et adaptée au changement climatique
- Investir massivement dans les infrastructures logistiques pour améliorer la compétitivité et développer l’export après des années de déficit.
- Lancer un « choc de recherche » pour recréer de la valeur ajoutée en France et non à l’étranger et pour gagner la course contre le changement climatique :
  • faire de l’INRAE le bras armé des agriculteurs ;
  • nouer des partenariats public-privé pour investir le champ des nouvelles technologies et développer une recherche européenne mutualisée indispensables au regard des investissements astronomiques nécessaires.
- Aider l’agriculture à s’adapter au changement climatique en :
  • encourageant le stockage de l’eau encore trop réglementé ;
  • donnant un vrai pouvoir au ministère de l’agriculture sur ces questions de stockage et sur celles des produits sanitaires ;
  • refusant la stratégie zéro phyto tant que les moyens à notre disposition ne l’autoriseront pas.
- Rémunérer les agriculteurs pour le prix des services qu’ils rendent à l’environnement comme le stockage du carbone dans le sol et la biomasse en bâtissant, avec tous les acteurs, une stratégie carbone collective. Cela existe dans le colza : les agriculteurs pourront vendre des crédits carbones calculés en fonction des bienfaits qu’ils apportent à l’environnement.
- Soutenir la diversification des exploitations en misant notamment sur les biocarburants : consolider leur statut à Bruxelles, renforcer les filières industrielles, déployer les biocarburants de 2ème génération et mobiliser la recherche pour valoriser les promesses de l’aérien. Les agriculteurs bénéficieront des bienfaits de la transition énergétique par une hausse de revenus.

5. Recréer de la confiance chez les agriculteurs et recréer du lien entre les Français et leurs agriculteurs
- Réinstaurer la confiance entre les agriculteurs et Bruxelles en :
  • exigeant la réciprocité des standards commerciaux et de nos normes alors que 15% des produits importés ne les respectent encore pas;
  • redonnant une vision européenne en matière agricole avec une PAC plus protectrice et garante d’une concurrence loyale entre les pays ;
  • instaurant une taxe carbone aux frontières.
- Soutenir les produits locaux et de qualité accessibles à tous en :
  • instaurant une traçabilité totale des produits agricoles et agroalimentaires et l’étiquetage généralisé de l’origine alors que la Commission interdit encore la traçabilité nationale et intraeuropéenne.
  • réformant les règles de la commande publiques pour instaurer une préférence et un recours au local accru dans la restauration scolaire , hospitalière et administrative. »

POUTOU Philippe :

« Notre réponse à votre question est oui.
« Nous sommes tout à fait d'accord avec l'objectif d'autosuffisance alimentaire durable de l'île.
« Le mouvement social de 2012, celui des gilets jaunes ont fait ressortir le taux de pauvreté dans l'île, l'exigence de contrôle et de blocage sur les prix des denrées de première nécessité, notamment ceux importés par les grands groupes de distribution qui pèsent énormément. En ce sens, Philippe Poutou se prononce pour un service public de la distribution alimentaire et des biens de première nécessité qui ne mette par la population insulaire à la merci des grands distributeurs privés. Tout cela  fait également ressortir le besoin d'une agriculture vivrière permettant une alimentation de qualité et pas chère pour toute la population.
« Le poids économique et en terme d'emplois de la culture de la canne  rend nécessaire d'accentuer le tournant vers une agriculture, un élévage (porcins, aviculture,... ) et une pêche tournés vers la distribution locale pour subvenir aux besoins de la population avec des prix modérés. Des efforts sont allés dans ce sens avec les coopératives de production porcine et d'œufs, notamment.
« Philippe Poutou soutient le texte et les actions du collectif OASIS Réunion. »

ROUSSEL Fabien :

« Vous m’avez sollicité dans le cadre de la campagne de l’élection présidentielle en me soumettant une question unique portant sur l’alimentation et l’autonomie alimentaire de l’Ile de la Réunion.
« Je vous en remercie et ma réponse est « oui ». Je souhaite toutefois ajouter que, si les Françaises et les Français me font confiance, c’est avec les populations, les agriculteurs, les élus et les acteurs économiques de chaque territoire que je travaillerai cette question de la souveraineté alimentaire.
« Je suis le candidat qui a porté dans le débat national le droit au bon et à une alimentation saine et abordable, j’y suis donc attaché pour la Réunion.
« Je sais que ces questions sont importantes pour nos concitoyens, notamment insulaires.
« Je les ai rencontrés tant aux Antilles, qu’en Guyane et à la Réunion, et la question de l’alimentation fait partie de leurs préoccupations.
« Je proposerai à la représentation nationale une loi d'orientation et de programmation pour les Outre-Mer, qui intégrera cette question de la sécurité alimentaire et de la souveraineté. »

 

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