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DIRECTION DE L'ALIMENTATION, DE L'AGRICULTURE, ET DE LA FORÊT
DAAF DE LA RÉUNION
Monsieur Jacques PARODI
Directeur

Le 26 juin 2024

Bonjour Monsieur PARODI.

Nous vous remercions vivement de votre courriel du 25 juin reproduit ci-dessous car vous êtes le premier à nous avoir répondu pour nous donner une définition de « la souveraineté alimentaire » !
 
Toutefois celle-ci n’est pas vraiment satisfaisante, aux motifs suivants :
 
► Nous aimerions connaître la définition « officielle » du ministre de l'Agriculture et de la Souveraineté Alimentaire. 
Pouvez-vous nous aider à obtenir une réponse de sa part à notre courriel du 21 mai 2024 (vous étiez en copie) ?
Elle n'est probablement pas celle du Dictionnaire de l' « Agroécologie », qui est elle-même - hélas - une notion assez mal définie qui recouvre, par exemple, des méthodes agricoles utilisant des engrais chimiques et des pesticides.
 
► Vous évoquez la « loi d’orientation pour la souveraineté agricole et le renouvellement des générations en agriculture ».
Il ne s'agit que d'un « projet », voté en première lecture à l'Assemblée nationale le 28 mai dernier, et en suspens actuellement du fait de la dissolution, y compris au Sénat. 
Il n’y est plus seulement question de « souveraineté alimentaire » mais de « souveraineté agricole et alimentaire »

D’où notre deuxième interrogation :
Quelle est la différence entre « souveraineté agricole » et « souveraineté alimentaire » ?
Donc quelle est aussi la définition de la « souveraineté agricole » ? et au final, qui est « souverain » ?
Ces deux définitions sont à nos yeux de citoyens consommateurs (que nous sommes toutes et tous, d’ailleurs, y compris les Agriculteurs !) extrêmement déterminantes pour les raisons suivantes :
 
    Si la définition de la « souveraineté alimentaire » admise officiellement est celle adoptée lors du Premier Forum Mondial de la Souveraineté Alimentaire (Mali, 2007) :
« La souveraineté alimentaire est le droit des peuples à une alimentation saine et culturellement appropriée, produite par des méthodes écologiquement saines et durables, et leur droit de définir leurs propres systèmes alimentaires et agricoles. »
(Elle s'appuie sur « le Droit à l'Alimentation » qui fait partie des Droits de l'Homme redéfinis et adoptés en 1948 par tous les États membres de l'ONU (qui sont désormais 193).)
alors nous sommes là sur trois critères complémentaires et cohérents :
. de quantité alimentaire (sécurité démographique, en volume)
. de qualité alimentaire (nutritionnelle et environnementale)
. d' identité alimentaire (sociétale, émancipatrice et culturelle).
 
     Si la définition de la « souveraineté alimentaire » admise officiellement est plutôt celle de la « souveraineté agricole », c’est-à-dire de production alimentaire quantitative en restant sur le modèle agricole dominant actuel de l'agro-pétrochimie réputé plus productif (ce qui ne veut plus dire « plus rentable » avec le surenchérisssement des produits de la pétrochimie) et ce d'autant plus que seraient pris en compte le coût caché de leurs externalités négatives, comme ce serait normal pour éviter une concurrence déloyale au modèle agro-biologique régénératif qui est - à l'évidence des nombreuses études nutritionnelles - plus qualitatif :
 
1° - on ne répond plus aux attentes de qualité ainsi que d'identité alimentaires des consommateurs ;
 
2° - on ne garantit pas, de surcroît, la sécurité alimentaire, qui dépend évidemment de l’autonomie alimentaire et agricole, laquelle ne doit plus du tout, à terme et le plus vite possible, dépendre aussi bien des importations alimentaires que des importations d'engrais chimiques, de pesticides, semences, nourriture pour le bétail (160 000 tonnes par an - chiffres ADEME / DAAF) et même d'animaux vivants, en particulier les poussins ;
 
3° - la pollution actuelle que génèrent les 20 % d’aliments selon étude OASIS RÉUNION (23% selon étude ADEME / DAAF de Mai 2022) produits sur l'île avec une agriculture pétrochimique utilisant 35 000 tonnes d'engais chimiques par an (chiffres Douanes) et 3 150 tonnes de pesticides par an (chiffres Douanes), serait multipliée par quatre au moins, ce qui serait une pure aberration et un total contresens, puisque LA RÉUNION vise le « zéro polluant agricole » depuis 2019, date du lancement de la « Trajectoire outre-mer 5.0 » (voir ci-dessous).
 
LA TRAJECTOIRE OUTRE-MER 5.0
 
 
Par ailleurs, trois sollicitations :
 
• Pouvez-vous nous adresser l'extrait du « Titre Ier du projet de loi qui définit l'objectif de souveraineté alimentaire de la France » ? 
• Pouvez-vous nous indiquer si vous partagez la définition de la « souveraineté alimentaire » issue du Forum Mondial de 2007 énoncée plus haut ?
• Et dans l'affirmative, pouvez-vous nous préciser s'il peut - ou doit - selon vous, y avoir un ou des compléments spécifiques au contexte insulaire de LA RÉUNION, département-région beaucoup plus pénalisée en terme d'autonomie-autosuffisance alimentaire durable que les départements de la France métropolitaine ?

En conclusion :
La « vraie » souveraineté alimentaire ne peut se faire -  à nos yeux - que d’une manière « durable » (*) en changeant progressivement mais complètement le modèle agricole, comme le font déjà plus de 500 agriculteurs bio sur l'île en cultivant environ 2 100 hectares en agriculture biologique et 60 000 agriculteurs bio en France en cultivant plus de 3 millions d’hectares, n'utilisant aucun intrant ni pesticides chimiques, dans toutes les filières agricoles.
 
Voilà, selon nous, les véritables enjeux qui résultent de la définition de « la souveraineté alimentaire et agricole » où c’est bien de la souveraineté du peuple dont il s’agit et non pas de celle des agriculteurs qui doivent répondre, dans leurs pratiques agricoles, aux attentes des consommateurs, lesquels sont légitimes - parce que ce sont eux qui mangent et eux qui payent - à exiger une alimentation saine, sûre, durable, suffisante, au juste prix, ce qui était l'objectif des États Généraux de l’Alimentation lancés en juillet 2017.
 
Pour finir et nous permettre d'avancer d'une façon constructive et efficace au profit de toute la collectivité réunionnaise : Pourrions-nous organiser une réunion en visioconférence sur ce sujet, avec vous (et des représentants du nouveau bureau du GAB s'ils le souhaitent) très prochainement, dès le début du mois de juillet (après les élections) par exemple durant la semaine 28 de préférence entre 13h et 17h ?
 
Avec nos remerciements, recevez Monsieur PARODI l'assurance de nos meilleurs sentiments et de notre attentive considération.
 
Yvette Duchemann – Marie-Claire Duchemann Vizier - Stéphane Le Duff – Corinne Doublat - Bernard Astruc
 
Comité de pilotage
--
Collectif citoyen Oasis Réunion

https://oasis-reunion.bio/
 
(*) Alimentation « durable » : une alimentation qui permet de couvrir les besoins du présent sans compromettre la couverture des besoins du futur.
 

   « Il est possible de nourrir « sainement » et « durablement » La Réunion en se passant des pesticides et des engrais de synthèse. On préserve ainsi les ressources en eau et la biodiversité, tout en émettant moins de gaz à effet de serre. »
Lire la synthèse de l'article « L’autosuffisance alimentaire est-elle possible à La Réunion ? »  ici

Gilles Billen, directeur de recherche émérite au Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS)

 

 
 
Le 25/06/2024 à 05:46, PARODI Jacques - DAAF974/DIRECTION a écrit :
 

Mesdames, Messieurs

le dictionnaire d'agroécologie donne une définition de la souveraineté alimentaire:
"La souveraineté alimentaire est un droit des populations à décider de leurs propres stratégies et politiques pour garantir leur sécurité alimentaire tout en considérant les effets sur les autres."

Par ailleurs la notion de souveraineté alimentaire est désormais inscrite et précisée par la loi. L'Assemblée nationale a adopté, le mardi 28 mai,  le projet de loi d'orientation pour la souveraineté en matière agricole et le renouvellement des générations en agriculture. Le titre Ier définit l'objectif de souveraineté alimentaire de la France.

Bien cordialement,

Jacques PARODI

Directeur

DAAF974

Parc de la Providence 97489 ST-DENIS-DE-LA-REUNION
Tel : 0262 30 89 01 - Mobile : 06 93 03 33 24
www.agriculture.gouv.fr

Marianne DAAF974
MINISTÈRE
DE L'AGRICULTURE
ET DE LA SOUVERAINETÉ
ALIMENTAIRE
liberté, égalité, fraternité
 
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